Adapté par Plateforme des villes de l’UNESCO, «Solutions urbaines : s’inspirer de l’action des villes face à la COVID-19»
Alors que la crise de la COVID-19 se développe, elle a eu un impact sans précédent sur les déplacements, avec la fermeture de presque toutes les destinations dans le monde. Le secteur du tourisme constituait une source majeure de croissance, d’emplois et de revenus pour de nombreux pays en développement, avec plus de 1,5 milliard de personnes qui ont franchi les frontières en 2019. Pourtant, des millions d’emplois dans le secteur du voyage et du tourisme sont perdus chaque jour et jusqu’à 120 millions sont menacés dans l’immédiat.
Avant la crise, la popularité des villes en tant que destinations touristiques augmentait à un rythme significatif en offrant aux visiteurs des expériences culturelles riches et significatives. Cette croissance exponentielle s’est toutefois faite au détriment d’un coût de plus en plus élevé pour les résidents locaux et les infrastructures culturelles, qui étaient mis à rude épreuve sous la pression d’un nombre de visiteurs en constante augmentation. Aujourd’hui, alors que certaines villes commencent à rouvrir, le paysage a changé de manière spectaculaire. De nouvelles mesures et approches sont nécessaires pour relancer un tourisme qui reflète les nouvelles exigences en matière de santé, de sécurité et d’interactions sociales. Cela représente pour les villes de grands défis, face auxquels seront nécessaires de nouvelles idées et innovations encourageant les résidents à redécouvrir et à investir dans de nouvelles approches englobant des dimensions sociales et environnementales pour un tourisme plus durable et pour accueillir à nouveau les visiteurs.
Outre un bilan de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le tourisme urbain avec les acteurs locaux et les parties prenantes de la ville ainsi que la société civile, cette session c’était également l’occasion de discuter de l’environnement post-COVID-19 et de permettre aux villes de partager leur évaluation de la valeur réelle du tourisme et de l’importance d’équilibrer les besoins et les intérêts à la fois des habitants et des visiteurs. Le panel réfléchira aux leçons tirées qui résultent de la pandémie en gardant à l’esprit que le tourisme est un pilier essentiel du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et discutera de la manière dont les villes peuvent rendre leurs destinations plus résilientes, en particulier pour leurs communautés, et encourager une reprise du tourisme dynamique et solide.
La session spéciale s’est penchée sur l’effet de la pandémie de COVID-19 sur le tourisme urbain, avec des perspectives provenant d’un panel de maires, d’acteurs locaux et de parties prenantes de la ville, ainsi que de représentants de la société civile et d’institutions internationales. Elle a été l’occasion de discuter de l’environnement post-COVID-19 et a permis aux villes de partager leur point de vue sur la valeur réelle du tourisme et sur l’importance d’équilibrer les besoins et les intérêts des habitants et des visiteurs.
Le panel a réfléchi aux leçons émergentes tirées de la pandémie et a discuté de la manière dont les villes pouvaient rendre leurs destinations plus résilientes, en particulier pour leurs communautés, et encourager une reprise du tourisme dynamique et durable.
Pistes de réflexion
NIVEAU LOCAL :
- Comment la crise de la COVID-19 a-t-elle modifié le rapport de votre ville au tourisme ?
- Quelles leçons votre ville a-t-elle tirées de la crise de la COVID-19 concernant la valeur du tourisme ? La crise a-t-elle changé votre vision de l’équilibre des besoins et des intérêts des visiteurs et des habitants ?
- La crise a-t-elle modifié ou renforcé la stratégie touristique à long terme de votre ville ?
- Comment votre ville a-t-elle œuvré pour la reprise du tourisme tout en soutenant le renforcement et la résilience de la communauté ?
- Comment votre ville a-t-elle aidé les industries créatives et autres secteurs impliqués à prospérer pendant la crise et au-delà ?
- De nombreuses destinations se concentrent désormais sur le tourisme national à court terme. Dans ce contexte, comment les villes peuvent-elles promouvoir leur patrimoine local et encourager les habitants à le redécouvrir ?
NIVEAU INTERNATIONAL :
- Dans le paysage post-COVID-19, comment pouvons-nous faire en sorte que le tourisme joue le rôle de plateforme pour la reprise et soit un pilier du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ?
- Comment pouvons-nous assurer une reprise solide du tourisme tout en soutenant les initiatives relatives au climat et les autres mesures visant à faire progresser la durabilité et à accroître la résilience ?
- Comment les villes peuvent-elles collaborer de manière plus étroite, notamment au travers du Réseau des villes créatives de l’UNESCO, afin d’encourager la reprise après la crise ?
- Quelles possibilités la crise a-t-elle fait naître concernant la transformation du tourisme urbain ?
Mme Mechtild Rössler, Directrice du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, a modéré la session. Elle a ouvert la discussion en soulignant l’effet de la pandémie de COVID-19 sur le secteur du tourisme.
DÉROULÉ DU PANEL : RÉSUMÉ GÉNÉRAL
M. Manuel Butler, Directeur exécutif de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a lancé le débat en présentant des scénarios prospectifs, tributaires de la réouverture des frontières. Il a par ailleurs souligné quelques points relatifs à la relance du tourisme, ayant trait à la sécurité, à la durabilité, à l’innovation et à la collaboration. Il a expliqué que pour l’instant, il était difficile de prévoir la façon dont les personnes voyageraient dans les années à venir, et qu’il faudrait patienter quelques années avant d’observer un regain d’intérêt pour les voyages. Selon lui, «la résilience et la durabilité sont déterminantes en matière de tourisme».
Mme Somjai Suwansupana, Maire de Phuket, Thaïlande, a partagé une perspective locale en expliquant comment la ville avait été affectée pendant cette période. Elle a déclaré que la pandémie avait conduit la ville à « reconsidérer sa vision du tourisme » et qu’elle avait « pris conscience qu’il fallait prendre cette question beaucoup plus au sérieux ». En définitive, les leçons tirées de cette crise étaient qu’il fallait réduire la consommation, améliorer la gestion des déchets et encourager les entreprises à mettre en place une nouvelle procédure de fonctionnement normalisée afin de mieux protéger les habitants et les touristes.
Mme Armandina Saleiro, Vice-Présidente de la Municipalité de Barcelos (Portugal) et Coordinatrice du projet Barcelos Ville créative, a poursuivi la conversation en déclarant que « la nouvelle normalité après la COVID-19 est une question de sécurité et d’optimisme. » La promotion d’un tourisme durable est nécessaire. Elle a expliqué comment la ville de Barcelos avait œuvré pour la survie de la communauté artistique, par exemple en commandant une œuvre d’art à chacun des artistes implantés dans la ville. Mme Saleiro a déclaré qu’à l’avenir, la ville devrait « créer une communauté heureuse », à la fois créative et sûre, qui attirera des touristes intéressés par les caractéristiques propres au tourisme créatif.
Mme Betty Addero Radier, Directrice générale du Conseil du tourisme du Kenya, s’est exprimée sur la façon dont son pays se remettait de la crise, en particulier dans la mesure où le tourisme est le troisième secteur contribuant au PIB du Kenya. Là encore, soulignant les possibilités de croissance, elle a expliqué comment « cette période avait permis à l’État de prendre en compte la diversité des marchés et des produits, en particulier dans le domaine de la conservation, et de se concentrer sur d’autres choses que les villes pouvaient offrir ». Elle a ajouté que l’avenir du tourisme reposerait sur « le reconditionnement des produits afin de séduire un marché plus axé sur la demande nationale ».
Mme Ang Ming Chee, Gestionnaire générale de George Town World Heritage Incorporated, s’est concentrée sur les habitants des communautés locales exerçant une profession dans le secteur du tourisme – des guides touristiques aux chauffeurs de taxi en passant par le personnel hôtelier. Elle a mis l’accent sur le fait que nous devons investir dans la communauté locale en élargissant l’offre éducative autour du marketing et des stratégies numériques. Elle a conclu sur une note positive, déclarant que « même si nous sommes tenus à une distanciation physique les uns des autres, cela ne signifie pas que nous devions renoncer aux interactions. sociales – c’est là que réside toute la puissance du tourisme ».
En résumé, la session spéciale a mis en lumière plusieurs problèmes qui détermineront la façon dont nous reconstruirons le tourisme dans les années à venir. De nombreuses personnes qui dépendaient des visiteurs étrangers pour leurs activités touristiques sont en train de réorienter leurs perspectives, adoptant une réflexion et une consommation locales. Cette tendance ouvre une conversation entre ceux qui se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire du tourisme et les communautés locales qui la soutiennent. En initiant cette conversation, les habitants redécouvrent ce qui fait la beauté et la diversité de leurs communautés. Dans un avenir proche, nous observerons un virage non seulement vers un voyage plus numérique, mais aussi vers un voyage local et vers un développement de l’éducation au patrimoine culturel et immatériel.